Gypaète barbu

Son job ? Lavoisier des montagnes

La première chose à maîtriser quand on s'intéresse à ce vautour est la prononciation de son nom. Pour votre gouverne, le "a" n'est pas muet.

Et vous passerez pour un citadin désaxé si le montagnard qui tend l'oreille lors de votre prochaine randonnée vous entend parler du beau "gipète" que vous avez observé, croyez-en mon expérience... 😅

Cet oiseau a eu chaud aux plumes : éradiqué des Alpes françaises par les bipèdes il y a un siècle, il bénéficie depuis plus de 30 ans du superbe travail de réintroduction de multiples ONG.
Et heureusement.

Pourquoi ?
Parce que le plus grand oiseau d'Europe (3m d'envergure !) a un rôle écosystémique fondamental en montagne : en se nourrissant des cadavres d'animaux il permet notamment d’éviter la propagation des maladies.

Son dada ? Les os. 🦴
Une fois que les vautours fauves et autres grands corbeaux se sont repus de la chair et des cartilages, le gypaète entre en scène.

Roulements de tambour. 🥁

Pour déguster son festin, il n'hésite pas à lâcher des bouts de carcasse à 50 m de haut, sur les flancs d’une falaise, afin d’en manger les débris.

Après son passage, il ne reste plus rien.
Une interprétation libre du « rien ne se perd, rien ne se crée tout se transforme » de notre cher Lavoisier. 👨‍🔬

Aujourd'hui, grâce aux réintroductions, plus de 220 individus vivent dans le massif alpin européen et une quarantaine dans les Pyrénées françaises.
Il y a encore du travail (car le risque de consanguinité est réel) mais tout cela est prometteur.

Mais au fait, pourquoi l'a-t-on éradiqué ? 🧐
Principalement par ignorance et par peur : on pensait qu'il pouvait kidnapper des petits enfants en les attrapant grâce à ses serres crochues et les dévorer d’un grand coup de bec.

Heureusement, en un siècle, nous avons collectivement gagné en maturité et arrêtons de massacrer les espèces vivantes par méconnaissance...

Ahah, quelle bonne blague ! 😑😑

Mais comment reconnaître ce magnifique animal ? 🦅

✅ Déjà, rejoignez la montagne (ne me faites pas croire que vous avez vu un gypaète en Bretagne : vous mentez !)
✅ Cherchez ensuite un grand oiseau, noir au-dessus et orangé en dessous
✅ Une queue en losange
✅ De grandes rémiges qui ressemblent à de longs doigts
✅ Et si vos jumelles sont suffisamment puissantes, une petite barbichette noire

En attendant votre prochaine randonnée, voici tout de même une information pour briller en société :

La couleur orangée de son poitrail ne provient pas de ses plumes, qui sont blanches… 🧐

Et oui, figurez-vous que le gypaète a l’habitude de faire trempette dans des zones humides chargées en fer. Il se couvre alors d’une boue orangée.

Pourquoi ce rituel ? On ne sait pas trop.
Et c’est peut-être ça aussi la beauté du vivant : ne pas toujours réussir à percer ses mystères mais les accepter malgré tout. 😉