Antarctique #1

Récit en quelques épisodes d’une aventure hors du commun de deux mois, sur un petit voilier perdu dans les glaces. Aussi haletant que votre série Netflix préférée.

Ep 1 : Dans le ventre d’une baleine rockeuse 🐋

Beaucoup trop de bonheur nuit gravement à la santé.

Nous sommes partis il y a une semaine déjà et avons navigué dans le canal de Beagle jusqu’à Puerto Toro - village le plus austral au monde, accessible uniquement par bateau, comptant 25 habitants dont un militaire chilien qui rumine encore l’entretien qui l’a amené à accepter ce job… Vous savez, ce moment où les RH parviennent à vous convaincre que « c’est important dans une carrière de quitter le siège pour faire de l’opérationnel ». Pensez au carabinero de Puerto Toro la prochaine fois. 😅

Le canal est déjà riche de vie : colonies de lions de mer se dorant le poitrail au soleil, manchots de Magellan se transformant en torpilles dans l’eau, magnifiques albatros nous donnant envie de déclamer du Baudelaire… On ne sait plus où donner de la tête.

Ballet d’albatros, cormorans et lions de mer.

Puis vient le Cap Horn et enfin, le Drake.

Comme son nom ne l’indique pas du tout, le passage du Drake est un condensé des pires eaux au monde. Logique : c’est là que se rencontrent 3 océans un poil turbulent (Atlantique, Pacifique et Austral) qui n’ont aucune intention d’aller dans le même sens. Ajoutez à cela la rencontre de plusieurs plaques continentales et vous aurez la recette d’une bonne partie de plaisir.

Lors de notre première rencontre à Paris, le chef d’expédition m’avait dit avec un flegme qui le caractérise : « tu verras, pendant 3 jours tu auras juste envie de mourir. »

Ou l’art de trouver les mots pour galvaniser ses troupes. 😅

Au lieu de cela, j’ai l’impression de vivre dans le ventre d’une baleine qui a décidé d’auditionner pour le rôle de l’héroïne dans Dirty Dancing et qui s’entraîne nuits et jours (portés et sauts compris). J’espère vraiment que ses efforts seront récompensés car elle n’a pas lésiné sur les heures de pratique, j’en suis témoin.

Malgré ces conditions, la vie à bord reste cadencée par les quarts qui visent, notamment la nuit, à éviter les collisions avec des morceaux de glace. On se sent drôlement petit sur notre coquille de noix, dans cet océan glacial. Une bonne dose d’humilité qu’on inspire à pleins poumons et qui fait beaucoup de bien.

Le mythique Cap Horn.

PS : Si vous vous demandez ce que vous faites ce matin à la machine à café, pensez qu’au moins, vous, vous n’avez pas subi durant tout le WE la réinterprétation a cappella de « Sous le vent » de Céline Dion par une de vos collègues (moi 😬).

Et dire que dès qu’on arrivera sur la glace, je vais m’époumoner sur « La Reine des Neiges »… Pauvres manchots.

Albatros.

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