Antarctique #2
Récit en quelques épisodes d’une aventure hors du commun de deux mois, sur un petit voilier perdu dans les glaces. Aussi haletant que votre série Netflix préférée.
Ep 2 : Il n’y a pas de mauvais temps, que de mauvais équipements 🥶
La Péninsule Antarctique se dévoile depuis plus d’une semaine. Et c’est beau, que c’est beau. 🤩
Pour le moment, la météo n’est pas franchement clémente.
Que tous les équipementiers d’outdoor qui clament haut et fort que « il n’y a pas de mauvais temps, que de mauvais équipements » viennent barrer une demi-journée par ici, en se faisant caillasser par d’énormes grêlons polaires. Je serais ravie de débattre avec eux de cette théorie.
Mais même le mauvais temps est magique ici. Les nuages créent de magnifiques reflets dans l’eau, les montagnes se noient dans le ciel et les animaux semblent encore plus courageux, à évoluer dans ces conditions.
Après une journée de tempête, on est bien heureux de retrouver la chaleur de notre jolie coquille en alu (si le capitaine m’entendait parler de son bateau de la sorte, il me jetterait par-dessus bord) : une quinzaine de degrés quand le poêle fonctionne, 8-9 degrés au réveil.
Ma polaire fait désormais partie intégrante de mon anatomie. 🥶
L’avantage de ces températures, c’est qu’on ne transpire pas. Mais quand on veut tout de même se payer le luxe d’une toilette de chat, rien de plus simple :
(Attention, c’est parti pour le Tuto beauté)
1. S’assurer que les bidons ont bien été remplis avec l’eau des glaciers
2. Faire chauffer le précieux liquide sur le poêle
3. Attendre… longtemps…
4. Se laver avec un seau d’eau, fraîchement tiède
Ici, la douche n’a pas la même saveur - ni la même durée - que lorsqu’il suffit d’ouvrir le robinet, régler la température et chanter l’intégrale de son artiste préféré.
Côté faune, les animaux que l’on rencontre sont, comme partout ailleurs, fabuleux.
Les léopards de mer se prélassent sur la glace, les manchots s’affairent autour des nids, les sternes voltigent dans le ciel…
Ma plus grande frustration ? Mon incapacité à capter par la photo ces magnifiques moments de vie. Heureusement que l’équipage comprend un membre dont c’est le métier.
Mais tenter de faire des images à côté d’un photographe animalier professionnel, c’est un peu comme travailler avec un collègue qui est largement plus brillant que soi : extrêmement enrichissant et, soyons honnête, un poil vexant.
Résultat : « Le Réflexe numérique pour les Nuls » est devenu mon nouveau livre de chevet. Tout de même moins palpitant que les biographies d’explorateurs polaires… 😓
Les soirées sont longues : nous sommes en été et il ne fait jamais nuit.
Elles sont rythmées par l’accordéon du capitaine, les projections de films (le chef d’expédition nous a annoncé hier détenir l’intégrale des Inconnus… Nous sommes donc en capacité d’hiverner ici au besoin) et la confection d’origamis, ma nouvelle passion.
Je vous conseille vivement d’apprendre à réaliser des grenouilles sauteuses : un bon moyen d’animer les pauses café au bureau. 😉
Nous cohabitons désormais avec des éléphants, girafes et papillons en papier : une véritable arche de Noé navigue désormais sur l’océan austral.