Antarctique #3
Récit en quelques épisodes d’une aventure hors du commun de deux mois, sur un petit voilier perdu dans les glaces. Aussi haletant que votre série Netflix préférée.
Ep 3 : Une fraise Tagada sur le pont 🍓
Cela fait plusieurs jours que nous avons l’impression d’être les seuls humains sur Terre : depuis notre passage passionnant sur la base scientifique ukrainienne Vernadsky, nous ne croisons plus aucun bateau.
Les îles où nous accostons sont vierges de toute présence humaine, mais riches de vie !
Nous ne savons plus où donner de la tête mais, surtout, où poser les pieds.
Voilà ce qui se passe dans mon cerveau, quand je suis à terre :
« Attention aux œufs de labbes quand tu marches sur les rochers »
« Et regarde bien autour de toi quand tu es sur la glace, pour ne pas couper la route d’un manchot »
« Fais gaffe aux mousses, elles doivent mettre un temps fou à pousser par ici »
« Ne contourne pas l’île par la côte, si ce phoque veut se mettre à l’eau, tu lui bloques le passage »
« Mais ne reste pas non plus sur les hauteurs : c’est le terrain de jeu des pétrels géants qui se prennent pour des planeurs »
Une simple promenade devient ainsi un véritable parcours du combattant 😅
Ici, nous ne sommes pas chez nous, et c’est très bien ainsi !
Comme les noms des derniers bars à la mode, les coordonnées GPS de ces archipels sont précieuses et s’échangent entre initiés.
Notre bateau regorge ainsi de véritables cartes au trésor, 100 fois photocopiées, que plusieurs générations de capitaines des mers australes complètent au fil du temps.
Malheureusement, un skipper n’étant pas recruté pour ses talents de dessinateur, il faut parfois faire preuve d’imagination pour comprendre que la grosse patate sur le croquis correspond (ou non) à l’île en face de nous…
La navigation dans ces eaux peu fréquentées nous a permis de développer une nouvelle compétence : le sauvetage de bouées !
À ajouter à mon CV en rentrant.
Nous en avons ainsi récupéré 3 échouées. La taille de l’une d’elle étant, comme vous pouvez le constater, légèrement disproportionnée par rapport à celle de notre bateau.
Une énorme fraise Tagada trône désormais sur le pont. Mon sourire sur la photo est inversement proportionnel à celui du capitaine au même moment. 😬
Nous sommes arrivés à un compromis : pour éviter de gêner lors de la navigation, elle a été à moitié dégonflée et sert de pouf pour le nouveau salon lounge / poste de vigie pour détection d’icebergs.
Je suis à 2 doigts de lancer mon entreprise d’aménagement de voiliers.
Sinon, dans la rubrique « vie sauvage » :
Une baleine à bosses est venue danser et a sorti son museau couvert de coquillages à 1m de nous
Les petits manchots papous ont commencé à naître ! Nous avons également fait la connaissance des manchots Adelie (vous n’allez pas échapper à un post sur eux, ils sont géniaux) dont les petits sont déjà bien grands
Demain matin, nous allons rencontrer nos premières otaries à fourrure… Hâte !