Antarctique #5

Récit en quelques épisodes d’une aventure hors du commun de deux mois, sur un petit voilier perdu dans les glaces. Aussi haletant que votre série Netflix préférée.

Ep 5 : La remontada du concombre de mer 🐌

Un sens de l’équilibre à toute épreuve.

Notre remontada se déroule pour le moment à un rythme de concombre de mer (animal marin ressemblant à ma connaissance le plus à une limace). 🐌

Comme le rappellent très bien Isabelle Autissier et Erik Orsenna dans leur Salut au Grand Sud : en navigation, attendre est parfois le plus court des chemins. Ils auraient pu ajouter « surtout quand il y a un vent à décoiffer les phoques et que les icebergs en profitent pour organiser des combats de sumos. »

Pendant 4 jours, nous avons donc renoué avec la sédentarité. Après avoir jeté l’ancre et fait la connaissance de nos voisins de palier (4 phoques, 1 otarie, 5 manchots, 2 sternes et une vingtaine de skuas prêts à nous scalper à la première occasion) nous avons même frôlé le confinement : les sorties à terre en annexe s’apparentant à des tournois de rodéo, nous avons vite dû y renoncer. 🤠

Otarie à fourrure.

Comme en entreprise, l’avantage de notre équipage est sa diversité. Il est mixte (3 femmes, 4 hommes), intergénérationnel (de 30 à 74 ans) et venant d’horizons pros variés. Chacun apporte donc sa petite touche à l’aventure. Et tout ça, sans cliché !

  • IL nous donne des cours de cuisine (nos papilles ont découvert avec bonheur le crépiot, sorte de crêpe géante fourrée à la pomme)

  • ELLE tente de nous convaincre de la rejoindre à l’eau, lors de ses bains quasi quotidiens dans l’océan glacial 🥶

  • Le doyen debugg nos disques durs externes

  • Et le benjamin a vu plus de films anciens que tout l’équipage réuni

Certains ont plus de talents que d’autres…

Ces journées de stand-by sont aussi l’occasion de répondre aux nombreuses questions de scolaires qui nous parviennent par Témoins Polaires des pôles, de relire Jules Verne (le capitaine Nemo arrivant au pôle Sud en sous-marin, cela nous donne des idées pour la prochaine expédition 😉) et de nous creuser la cervelle devant une grille de mots fléchés dont nous n’avons – évidemment – pas la solution.

Sans accès à Internet, il nous arrive d’envoyer un mail par satellite à nos proches pour qu’ils nous soufflent la réponse.
J’imagine leur tête quand ils lisent nos «Tout va bien en Antarctique. PS : qu’est ce qui circule à Jérusalem ? »*

Par ailleurs, évoluant en huis clos, nos blagues ne se renouvellent pas beaucoup. Pour preuve, l’illustration ci-dessous (j’ignore le nom du dessinateur) nous a fait rire pendant une semaine.

À placer lors d’un prochain séminaire de teambuilding. 🧊

Mais il faut l’avouer, on trépigne vite.

Et quand la fameuse fenêtre météo pointe le bout de son nez, on l’accueille avec joie, trop contents d’enfiler grosses bottes et K-way pour naviguer sous la neige, surfer sur les vagues et se geler les mains à la barre. 🤩🤩

*Pour ceux qui cherchent encore, il s’agissait du shekel, la monnaie israélienne.

Cormorans.

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