Antarctique #6
Récit en quelques épisodes d’une aventure hors du commun de deux mois, sur un petit voilier perdu dans les glaces. Aussi haletant que votre série Netflix préférée.
Ep 6 : Le non-passage du Sûrement pas 🙈
En navigation, nous sommes constamment en mouvement mais, paradoxalement, je n’ai jamais été aussi peu active !
Au-delà des manœuvres et des quelques pas effectués pour saluer les baleines et manchots qui s’approchent de nous, nous passons la majorité de nos journées de navigation immobiles, à observer le spectacle à 360 degrés qui se déroule sous nos mirettes. 👀
Impossible sur le pont de garder un livre dans les mains plus d’une minute. Et allumer son ordinateur s’apparenterait à un crime.
Ici, personne ne nous regarde bizarrement si nous ne cherchons pas à « rentabiliser » nos heures de transport en étant productifs. Ouf !
Nous remontons vers les Shetland du Sud, en nous faufilant entre quelques-unes des nombreuses îles qui entourent l’Antarctique, grand comme 27 fois la France. 😮
Il ne fait pas les choses à moitié, ce continent.
Les noms des passages, terres et sommets sont à l’image de ce continent : variés et – avouons le – parfois incompréhensibles.
« L’anse mouton » a-t-elle été nommée ainsi par un navigateur néo-zélandais atteint du mal du pays ? Et « l’île Entreprise » par un jeune cadre dynamique, qui se languissait de ses tableaux Excel ? 🧑💻
Autant de questions qui attendront le retour d’internet pour trouver des réponses. Suspense insoutenable.
Modestement, nous nous sommes prêtés au jeu et avons nommé un passage : le Sûrement pas. 😅
Il s’agit d’un double clin d’œil
A l’explorateur Charcot qui a baptisé une île « Pourquoi pas », en hommage au bateau avec lequel il a hiverné pour la deuxième fois dans la région au début du XXème
Et à notre capitaine qui a tenté d’emprunter ce chenal visiblement peu profond empli d’icebergs et a dû faire demi-tour 😬
L’Histoire retiendra que nous voulions tester la fiabilité de notre sondeur.
C’est important d’éprouver son matériel.
Verdict : plus aucun doute, le sondeur ne ment pas quand il nous informe qu’il y a que 2 mètres de fond.
Nous pouvons désormais lui faire confiance s’il nous indique que nous ne passerons… sûrement pas. 😅
Côté vie à bord, tout va bien.
Pour être plus précis : il reste autant de plaquettes de chocolat que de jours de navigation, donc tout va bien.
Le chocolat étant LA denrée rare et précieuse – essayez de vous réapprovisionner auprès des phoques, vous verrez comme vous serez reçus – la ration quotidienne est savourée religieusement lors de la pause café. ☕️
Cette dernière n’ayant lieu qu’une fois par jour, une expédition en Antarctique s’apparente donc à une cure de désintoxication de caféine.
Au-delà de ce rituel chocolaté, nous n’avons pas de programme prédéfini : nous nous adaptons à la météo et à la présence des animaux – qui ont la force surnaturelle d’aimanter le voilier et tous ses passagers.
Un lâcher prise imposé, à cultiver au retour… 🧘♀️